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Les probiotiques, de nombreux effets préventifs et curatifs

Les probiotiques, de nombreux effets préventifs et curatifs
Les résultats cliniques publiés depuis une quinzaine d'années soulignent les multiples effets bénéfiques des probiotiques. Ils semblent avoir des effets préventifs et curatifs, notamment dans les cas de diarrhées virales, d'eczéma atopique, d'intolérance au lactose, de diarrhées associées aux antibiothérapies, de maladies inflammatoires du tube digestif.

D'autres travaux laissent présager qu'ils pourraient également jouer un rôle important dans la résistance aux infections respiratoires et dans la prévention du cancer.
La notion de probiotiques a été développée grâce aux travaux de Metchnikoff (1907) qui avait constaté que les paysans bulgares, grands consommateurs de lait fermenté, vivaient très vieux et en bonne santé. Metchnikoff avait alors proposé l'ingestion de bactéries vivantes, plus précisément de bactéries lactiques, pour réduire les désordres intestinaux et améliorer l'hygiène digestive et, donc, augmenter l'espérance de vie.
Le terme probiotique dérive de deux mots grecs, pros et bios, qui signifient littéralement « pour la vie », contrairement au terme antibiotique voulant dire « contre la vie ». Ce terme a été introduit pour la première fois en 1965 pour décrire des substances produites par un micro-organisme et stimulant la croissance d'autres micro-organismes. Depuis, plusieurs définitions ont été données. Selon celle adoptée par l'ONU et l'Organisation mondiale pour la santé, les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui, administrés en quantité adéquate, sont bénéfiques pour la santé de l'hôte.

 

La microflore intestinale, protection contre les invasions

La microflore intestinale est constituée d'une grande diversité d'espèces microbiennes assurant différentes fonctions. Elle est évaluée à près de 1013 à 1014 milliards de cellules, représentant 400 à 500 espèces et sous-espèces. C'est environ 10 fois le nombre total de cellules du corps humain. Véritable barrière de protection contre les invasions extérieures, la microflore intestinale contribue également à éveiller la vigilance du système immunitaire qui, activé au niveau de l'intestin, semble avoir une influence dans tout l'organisme et, notamment, au niveau des voies respiratoires.
La composition et les fonctions de la flore du tractus gastro-intestinal sont influencées par divers facteurs liés au changement des conditions physiologiques de l'hôte (âge, état de santé), de la composition de son alimentation et des conditions environnementales (contamination par les pathogènes, antibiothérapie, chimiothérapie, climat, stress, hygiène).
Un déséquilibre de la flore intestinale peut se traduire par une baisse de forme, un mal-être, de la fatigue, des désordres intestinaux (diarrhées, syndrome du côlon irritable) ainsi que par une plus grande sensibilité aux infections. À plus long terme, il peut favoriser des pathologies plus graves, telles des maladies intestinales inflammatoires, le cancer du côlon…
Les probiotiques agissent directement sur la flore intestinale de l'hôte en stimulant localement la croissance et le renouvellement des micro-organismes qui la composent avec, pour résultat, un renforcement de la protection de l'organisme.

Les infections gastro-intestinales

L'un des usages les mieux reconnus des probiotiques est la prévention et le traitement des diarrhées. Plusieurs études ont démontré des améliorations lorsque des troubles diarrhéiques aigus - incluant des infections à rotavirus, des diarrhées du voyageur ou des infections bactériennes plus sérieuses, telle celle à Clostridium difficile - sont traités par des probiotiques.
Chez les enfants, les probiotiques semblent avoir des effets sur les diarrhées virales probablement par une stimulation des anticorps IgA antirotavirus1, 2, 3. Ils réduisent la durée des épisodes ainsi que leur récurrence. Des scientifiques ont passé en revue 13 essais en double aveugle contrôlés contre placebo portant sur la diarrhée aiguë infectieuse du nourrisson et de l'enfant. Dix des essais portaient sur le traitement et trois sur la prévention. L'ensemble de ces données suggérait que les probiotiques pouvaient significativement réduire la durée de la diarrhée, voire la prévenir4.

Diarrhées associées aux antibiothérapies

Les diarrhées associées aux traitements antibiotiques constituent la première indication des probiotiques. Ils limitent l'agression des antibiotiques sur la flore endogène intestinale et permettent une meilleure tolérance générale. Une méta-analyse montre que l'utilisation des probiotiques permet une diminution significative de l'incidence des diarrhées au cours des antibiothérapies.
Les diarrhées associées aux traitements antibiotiques et causées par le Clostridium difficile sont des complications des traitements antibactériens et se produisent chez 5 à 25 % des patients. Le C. difficile est responsable d'environ 15 à 25 % des diarrhées associées à l'utilisation des antibiotiques, la plupart apparaissant chez des sujets âgés deux à trois semaines après l'arrêt du traitement. Une étude a porté sur 135 patients âgés en moyenne de 74 ans prenant des antibiotiques. Ils ont pris deux fois par jour 100 g de lait contenant des lactobacilli pendant la durée de l'antibiothérapie et après, pendant une semaine supplémentaire. Le groupe témoin a reçu du lait. La supplémentation en probiotiques a réduit l'incidence de la diarrhée associée à l'antibiothérapie et celle du C. difficile associé à la diarrhée. Seulement 12 % des sujets prenant des probiotiques ont développé une diarrhée associée aux antibiotiques contre 34 % dans le groupe témoin5.

Infections intestinales à Helicobacter pylori

La colonisation de la muqueuse gastrique par Helicobacter pylori est fréquente et souvent associée à une gastrite, un ulcère, un cancer ou un lymphome. Il a été prouvé in vitro que différentes souches de probiotiques et, en particulier, les lactobacilles développent une activité contre Helicobacter pylori. Ils agissent sur la viabilité de la bactérie et sur son adhérence aux cellules de la muqueuse intestinale. Dans une revue de 13 études cliniques, les patients de 6 d'entre elles ne prenant que des probiotiques et ceux des 7 autres des probiotiques et une antibiothérapie, des effets des probiotiques sur la bactérie ont été démontrés6.

Le système immunitaire intestinal et les probiotiques

La muqueuse de l'intestin grêle et celle du côlon contiennent un nombre de cellules immunitaires supérieur au nombre total de cellules existant dans tout le reste de l'organisme. Le système immunitaire intestinal doit « tolérer » les protéines étrangères à l'organisme, telles les protéines alimentaires et celles des bactéries intestinales, et, dans le même temps, développer des défenses immunes contre les germes entéropathogènes. La présence des bactéries intestinales a une forte influence sur son développement et son fonctionnement et peut avoir des conséquences sur l'immunité de l'hôte.
Les deux fonctions très importantes du système immunitaire intestinal sont la synthèse d'anticorps appartenant à une classe particulière d'immunoglobulines, les IgA, et la tolérance orale. Par la synthèse et la sécrétion d'IgA, le système immunitaire intestinal protège l'hôte des micro-organismes entéropathogènes, bloquant l'adhésion, la translocation vers le compartiment systémique, la multiplication virale, neutralisant les entérotoxines ou encore bloquant le passage de macromolécules. La tolérance orale consiste à développer des réponses de type « suppressif » empêchant l'induction, au niveau intestinal et systémique, de réponses immunes spécifiques des protéines alimentaires et des bactéries résidentes. Cette fonction empêche ainsi le développement des hypersensibilités alimentaires dont l'allergie et les réactions inflammatoires du tube digestif envers les bactéries intestinales, comme dans la maladie de Crohn. Il existe aussi un trafic important entre le système immunitaire intestinal, le compartiment systémique et les autres muqueuses, telle la muqueuse vaginale.

Renforcer le système immunitaire

Les sujets âgés sont plus vulnérables face aux infections en raison du déclin de leur système immunitaire et en particulier de celui de l'activité des cellules lymphoïdes. Des études ont montré qu'une supplémentation avec des probiotiques combat certains effets de l'affaiblissement du système immunitaire et, en particulier, renforce l'activité des cellules naturelles tueuses7. Cinquante-trois personnes âgées et d'âge moyen ont été enrôlées dans une étude. Dans un premier temps, elles ont reçu du lait pendant trois semaines, ce qui n'a provoqué aucune stimulation de leur système immunitaire. Ensuite, pendant trois autres semaines, elles ont bu du lait enrichi en Lactobacillus rhamnosus. L'activité de leurs cellules naturelles tueuses a été augmentée de 147 %, suggérant que le Lactobacillus stimulait l'immunité cellulaire systémique8.
Au moment d'une vaccination, il a été montré que l'ingestion de probiotiques pouvait augmenter une réponse immune vaccinale9. Dans une étude clinique contrôlée contre placebo, on a administré par voie orale à de jeunes adultes des souches de Lactobacillus rhamnosus et L. paracasei avant et après une vaccination orale par un poliovirus atténué. Les probiotiques ont induit une réponse immunologique (IgA, IgG) de même qu'une production accrue d'anticorps neutralisant le virus. D'autres études indiquent une stimulation de l'activité phagocytaire des monocytes sanguins et une stimulation des IgA intestinales10.

Allergies - eczéma

Des perturbations de la barrière mucosale semblent impliquées dans l'apparition de la dermatite atopique, ou eczéma. Des travaux suggèrent qu'une supplémentation en probiotiques pourrait affecter la fonction intestinale de barrière chez des enfants souffrant de cette maladie.
Une étude randomisée en double aveugle contrôlé contre placebo a inclus 188 familles avec des maladies allergiques. Les mamans ont reçu quotidiennement un supplément de Lactobacillus reuteri ou un placebo à partir de la 36e semaine de grossesse jusqu'à l'accouchement. Ensuite, les enfants eux-mêmes ont été supplémentés avec le même probiotique pendant leurs 12 premiers mois puis suivis encore pendant 24 mois. L'incidence de l'eczéma a été identique dans les deux groupes (environ 35 %). Mais au cours de la deuxième année, les enfants supplémentés avaient moins d'IgE associé à l'eczéma (8 contre 20 %). L'IgE est l'anticorps prédominant associé à l'allergie. La réactivité des enfants aux tests cutanés courants d'allergie était également moins importante dans le groupe supplémenté et de façon significative pour les enfants dont les mamans souffraient d'allergie (14 contre 31 %)11.
Dans une autre étude croisée en double aveugle contrôlée contre placebo, deux souches de lactobacilli ont été données pendant 6 semaines à des enfants âgés de 1 à 13 ans souffrant de dermatite atopique. Les chercheurs ont conclu que les probiotiques pourraient réduire la production de cellules générant l'inflammation, l'accessibilité des allergènes, normaliser la microflore intestinale et avoir un impact sur la fonction barrière, réguler la sécrétion des médiateurs de l'inflammation et favoriser le développement convenable du système immunitaire de certains sujets12.

Infections de l'appareil respiratoire

Les probiotiques doués de propriétés immunostimulantes pourraient aider à prévenir et traiter certaines infections virales courantes. Dans une étude finlandaise en double aveugle versus placebo, des enfants de garderies (âgés de 1 à 6 ans) ont reçu pendant 7 mois du lait additionné d'une souche de L. rhamnosus. Le probiotique a diminué la durée d'absence pour maladie de l'appareil digestif ou infection des voies respiratoires de 0,7 jour par rapport à celle des témoins. Les enfants avaient également un moindre risque d'infection des voies respiratoires.

VIH - immunité compromise

D'autres preuves de l'effet bénéfique des probiotiques sur le système immunitaire ont été observées dans une étude qui a examiné la supplémentation en Lactobacillus plantarum chez des enfants exposés au VIH de façon congénitale13. Les enfants avec des infections à VIH ont des épisodes de diarrhée et de fréquents problèmes de malabsorption associés avec une possible surcroissance bactérienne. 17 enfants infectés par le VIH ont reçu de façon aléatoire du Lactobacillus plantarum ou un placebo. Dans le groupe traité, la colonisation par le Lactobacillus plantarum est apparue en deux semaines mais n'a pas perduré après l'arrêt de la supplémentation. Aucun effet secondaire n'a été observé. Des améliorations ont été observées au cours des visites de suivi dans la taille et le poids des enfants. Les auteurs de l'étude ont également noté une augmentation marquée de la réponse immunitaire.
Une étude a enrôlé 77 enfants âgés de 2 à 12 ans infectés par le VIH. Les enfants ont été répartis en deux groupes, l'un a reçu pendant deux mois des probiotiques et l'autre un placebo. Leur nombre de CD4 a été compté au début et à la fin de la supplémentation. Le nombre et la qualité de leurs selles ont été évalués par un questionnaire. Les résultats ont montré une augmentation du nombre de CD4 dans le groupe supplémenté et une diminution dans le groupe témoin. La qualité des selles a également été améliorée par les probiotiques. Cette étude montre que les probiotiques ont des propriétés immunomodulatrices et qu'ils pourraient être utiles dans le traitement d'enfants infectés par le VIH14.
La chimiothérapie et la radiothérapie provoquent fréquemment des perturbations sévères du système immunitaire et de la microflore intestinale, accompagnées de diarrhées et/ou d'une augmentation du nombre de cellules fongiques (Candida albicans) au niveau de l'appareil digestif et d'autres organes. Des travaux ont démontré chez l'animal et sur l'homme que les probiotiques augmentaient l'immunité et la résistance aux infections. Dans un modèle de souris immunodéficientes, le Lactobacillus sp. et des bifidobactéries ont diminué les Candida albicans systémiques disséminées15.
Par ailleurs, dans un essai contrôlé contre placebo, des enfants avec une mucoviscidose ont vu la sévérité de leur pneumonie réduite par l'administration de Lactobacillus GG. Il est possible que la protection des maladies respiratoires soit reliée à une surrégulation des cellules mucines en même temps qu'une stimulation de la réponse des anticorps. Étendre l'utilisation des probiotiques à des patients immunocompromis semble prometteur.

Intolérance au lactose

La consommation de probiotiques améliore l'absorption du lactose chez des patients déficients en lactase et réduit les symptômes digestifs dus à l'intolérance au lactose. Cet effet repose principalement sur le fait que les bactéries vivantes renferment de la lactase microbienne qui est libérée dans l'intestin grêle pour soutenir l'hydrolyse du lactose, étape de la digestion partiellement prise en défaut chez des sujets souffrant d'intolérance au lactose.

Les maladies inflammatoires de l'intestin

Selon la littérature, les processus inflammatoires impliqués dans les pathologies de l'intestin de l'homme, comme la maladie de Crohn, la colite ulcéreuse et la pouchite, seraient contrôlés par les probiotiques. L'administration de probiotique a provoqué des rémissions plus longues associées à une moindre expression de marqueurs inflammatoires ex-vivo et une augmentation de la sécrétion d'IgA, à une diminution de la consommation de médicaments et à une qualité de vie globalement supérieure.
Les effets anti-inflammatoires de trois probiotiques avec des propriétés immunomodulatrices (Lactobacillus casei, Lactobacillus acidophilus et Bifidobacterium lactis) ont été évalués et comparés sur un modèle de colite de rat. Les trois probiotiques ont restauré dans le côlon les niveaux de glutathion abaissés par le stress oxydatif du processus inflammatoire. Ils ont également montré une activité anti-inflammatoire, chacun ayant un profil anti-inflammatoire différent. Ces trois probiotiques pourraient être considérés comme de potentiels adjuvants dans le traitement de maladies inflammatoire du côlon16.

Syndrome du côlon irritable

Le syndrome du côlon irritable provoque des crampes digestives douloureuses, des diarrhées alternant avec une constipation et d'autres symptômes. Les causes de ce syndrome ne sont pas précisément connues mais pourraient être une perturbation de la santé des bactéries intestinales. Partant de cette théorie, des probiotiques ont été utilisés avec certains succès pour le traiter.
La plupart des syndromes du côlon irritable sont postérieurs à une infection. De nombreuses études sur l'homme et chez l'animal ont montré, après une gastro-entérite aiguë, la présence d'une infiltration accrue de cellules inflammatoires et une hyperplasie des cellules entérochromaffines dans la muqueuse intestinale. Chez l'homme, le syndrome du côlon irritable pourrait être prévenu en utilisant des probiotiques pour réduire la durée de la gastro-entérite aiguë17.

Des effets anticancéreux

Plusieurs travaux ont mis en évidence une association inverse entre la consommation de produits laitiers fermentés, en particulier de yaourt, et le risque de tumeurs colorectales, cancers ou adénomes. Plusieurs études chez le rat, la souris et quelques-unes chez l'homme suggèrent que les bactéries lactiques pourraient avoir un effet bénéfique et à plusieurs niveaux sur la réduction du risque de cancer du côlon. Ainsi, chez l'homme et sur des modèles animaux, l'ingestion de bactéries lactiques diminue la concentration d'enzymes responsables de la libération d'agents mutagènes dans le côlon. Dans une étude de supplémentation avec L. acidophilus chez 21 volontaires en bonne santé18, la concentration fécale de trois de ces enzymes (bêta-glucuronidase, nitroréductase et azoréductase) a été diminuée. Cet effet a été observé après 10 jours de traitement. Cependant, il est réversible et n'est plus constaté 30 jours après la fin de l'étude, suggérant qu'une prise continuelle soit nécessaire à son maintien. D'autres travaux sur l'homme et le rat avec L. acidophilus ont montré une réduction de ces enzymes. Sept autres mécanismes ont également été suggérés pour expliquer l'effet préventif des probiotiques.

Un effet sur le cholestérol

Des études préliminaires ont révélé que la consommation de yaourt ou de lait fermenté contenant des probiotiques entraîne une diminution du taux de cholestérol dans le sang. In vitro, certaines souches de Lactobacillus ont la capacité d'assimiler le cholestérol. Dans des études de laboratoire, les niveaux sériques de cholestérol de rats alimentés avec du lait riche en Lactobacillus mélangé à leur nourriture étaient plus faibles que ceux d'animaux témoins. Les souches de Lactobacillus semblaient éliminer directement le cholestérol19.

 

Nutranews 19-09-2016

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